Le concept de la vigilance

Le concept de la vigilance
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« L’emblême de la vigilance est une femme dans l’attitude de marcher, tenant sous son bras un livre, et de la main droite une lampe allumée. Le coq est son attribut particulier ; les iconologistes y joignent l’oye, comme symbole de la vigilance, parce que ce sont les oyes qui, par leurs cris, sauvèrent le capitole. Illustration de Charles-Nicolas Cochin dans Iconologie, ou Traité de la science des allégories en 350 figures gravées avec les explications relatives à chaque sujet par Gaucher.(tome 4, 1796). » [1]

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En héraldique la vigilance est le nom de la pierre que la grue tient dans sa patte droite. La grue est le hiéroglyphe de la vigilance, parce qu’on prétend que ces oiseaux, lorsqu’ils sont arrivés en un lieu, y établissent un guet qui se fait tour à tour par l’un d’eux. Afin d’éviter la surprise au sommeil, il se soutient sur un seul pied, et tient un caillou de l’autre pour avertir la troupe à la moindre apparence de danger, au moindre bruit.

La vigilance est une expression utilisée à plusieurs niveaux que nous retrouvons notamment dans les informations météorologiques (les orages, incendies, intempéries, les quatre niveaux de couleurs de la vigilance météo,..). Nous retrouvons diverses expressions de vigilance au travers de messages médiatiques tels que : « La vigilance reste maintenue dans sept départements ».

Dans les entreprises on utilise le terme de vigilance pour définir des devoirs et des plans de vigilance (lois sur la sécurité). Il est également question de « vigilance » dans le cadre d’attaques terroristes.

Une autre façon de parler de vigilance dans l’actualité : « Depuis le début des vacances, près de 600 enfants ont échappé à la vigilance de leurs parents ou accompagnateurs sur les plages belges. Il s’agit d’un record à la hausse, précise mercredi l’Intercommunale des services de sauvetage de la Côte de Flandre occidentale (IKWV). Sains et saufs, tous ont finalement retrouvé leurs parents. »[2]

Dans l’actualité, encore, on parle beaucoup de « vigiles ». L’origine de ce mot se retrouve dans « Les vigiles urbains » (en latin : vigiles urbani, littéralement « les yeux de la ville »). Les vigiles urbains sont, sous la Rome Antique, les troupes chargées de la lutte contre les incendies et de la police nocturne.

Définition du concept :

Le mot « vigilance » vient du latin vigilantia, de vigilans, vigilant. Son étymologie désigne l’insomnie, la veillée, la surveillance, l’attention[3].

Dans sa définition générale la vigilance correspond à une capacité de perception, d’interprétation et de réponse rapide et fiable face à une situation problématique ou impromptue.[4]

Différents dictionnaires définissent la vigilance comme une attention soutenue à veiller sur

quelqu’un ou quelque chose. La psychothérapie permet, quant à elle, de s’aider à veiller sur soi.

Vigilance et environnement :

« La métaphore du chasseur énoncée par Oury (1983) atteste du caractère dynamique et parfois inventif de la vigilance confrontée à un environnement toujours en mouvement. Ainsi, la vigilance peut être définie, à la fois comme un comportement réactif, mais aussi anticipatif (pré-actif au sens de Godet, 1991) et parfois créactif. Entre spontanéité et intention, elle apparaît multimodale. Elle fait appel aux réflexes sensori-moteurs autant qu’aux représentations cognitives. La vigilance est pour l’individu, indissociablement, affrontement de la durée et maintien sur le « qui vive » pour qu’il soit prêt à répondre à l’imprévisible et à l’inattendu, et donc pour ne pas réagir « trop tard ».[5]

Les états de vigilance ont fait l’objet de nombreuses études, notamment dès lors que l’on se préoccupa du sommeil. Car la vigilance regroupe sous un terme apparemment simple, tous les phénomènes d’éveil et de veille, que l’on peut rencontrer dans la vie d’un homme : sommeil proprement dit, éveil caractéristique ou état de transe et d’hypnose… En ce sens, l’attention se distingue de la vigilance, car elle n’en est qu’un état particulier d’éveil, un niveau d’éveil relativement élevé : une valeur de vigilance.

Quelques définitions selon le domaine d’investigation :

  • Dans le domaine de l’éthologie, la vigilance est l’un des comportements-clé pour la survie de l’individu (et du groupe chez les animaux sociaux ou élevant leurs petits), notamment vis à vis des prédateurs et d’autres sources de danger ainsi que lors de la recherche de nourriture (tant pour les prédateurs que pour les populations proies).
  • En psychologie, la vigilance est une forme d’attention soutenue de la part d’un individu (ou d’un groupe) occupé à accomplir une tâche particulière. Dans le cerveau humain, l’Amygdale joue un rôle central dans l’attention vigilante, l’émotion [] et de l’apprentissage des réponses apportées à la peur. De nombreux métiers (ex gardiens de nuit, contrôleurs aérien, opérateurs sur machines dangereuses, chauffeurs, chirurgiens…) nécessitent une capacité à maintenir un haut niveau de vigilance durant de longues périodes ; capacité qui fait l’objet d’études en neurologie[.
  • En neurologie on s’intéresse plus particulièrement aux aspects déficitaires de la vigilance. La neuro-imagerie dont l’échographie Doppler transcrânienne a apporté des preuves des changements de ressources liés à la diminution de la performance dans les tâches de vigilance[. Le niveau de vigilance peut être évalué par diverses échelles et sert à classifier les altérations de l’état de conscience. La plus connue des échelles d’évaluation de la vigilance est l’échelle de Glasgow, utilisée notamment en neuro-traumatologie pour déterminer la profondeur d’un coma.
  • En philosophie certains courants spirituels et philosophiques appellent vigilance l’état d’attention non dirigée (voir méditation). À l’inverse de l’acception du domaine de la psychologie, cette attention n’est pas concentrée sur une tâche ou un objet, mais « ouverte » sur l’ensemble du champ perceptif, aussi bien externe qu’interne (environnement visuel, auditif, respiration, douleurs, démangeaisons, etc.). Le sujet est ainsi réceptif à la totalité de son environnement.
  • En médecine et dans le domaine de la gestion des risques, notamment pour limiter le risque nosocomial, on parle par exemple de vigilance sanitaire avec un système de veille sanitaire incluant : biovigilance, hémovigilance, infectiovigilance, matériovigilance, réactovigilance et pharmacovigilance.
  • En technologie on parle d’un bouton, d’un levier de vigilance. Il s’agit d’un bouton, d’un levier mettant en alerte un système de contrôle, de sécurité.
  • En psychophysiologie il s’agit d’un état du système nerveux permettant à l’organisme de s’adapter et d’échanger avec le milieu. Les variations du taux d’activation nerveuse sont exprimées par des variations du niveau de vigilance   : sommeil, veille diffuse, veille attentive, émotion, hyperexcitation.

Traditionnellement, la psychophysiologie occidentale reconnaît deux états de conscience propre à tous les individus : le sommeil d’une part, considéré comme une période de repos, l’état de veille, d’autre part, qui correspond classiquement à la période pendant laquelle l’organisme est éveillé. À propos de cette dernière, on parle aussi de vigilance active, de conscience ordinaire ou encore de conscience de « surface », « d’état unique de vigilance reposant » pendant la méditation transcendantale. La vigilance c’est aussi  le fait d’être conscient de sa situation au niveau du corps et de l’esprit ; conscient de ses pensées, de sa posture physique, de ce que l’on est en train de faire ou sur le point de faire. C’est être attentif, naturellement aux aguets. Dans la méditation, c’est être présent à ce qui est ressenti sans en faire quoi que ce soit, c’est une qualité de conscience, la capacité qu’a l’esprit à être là. Plus nous développons l’attention, plus la vigilance prend place.

  • En hypnose la « transe hypnotique » correspond à une modification de la vigilance normale – celle qui nous permet de raisonner et de vivre au quotidien. Mais elle a ses caractéristiques : dans un environnement monotone où rien ne se passe, où les stimuli sont peu intenses, notre cerveau est en « manque » d’informations. Il se met alors à en produire lui-même en puisant des images dans notre inconscient. En quelque sorte, on « rêve » tout en restant conscient. En outre, contrairement à l’état de vigilance normale, où l’attention embrasse de nombreux centres d’intérêt en même temps et passe rapidement de l’un à l’autre, elle est concentrée, en hypnose, sur un sujet beaucoup plus restreint. C’est ainsi que, peu à peu, la personne hypnotisée oublie la réalité extérieure pour entrer dans une réalité intérieure, mais qu’elle vivra comme extérieure. « Hypnos en grec signifie sommeil. De quel sommeil s’agirait-il lorsque l’état d’hypnose est réalisé ? De la mise en veilleuse de la conscience claire et distincte (que l’on peut nommer aussi conscience consciente ou esprit conscient) au profit de l’éveil d’une conscience inconsciente. La conscience est dite consciente (conscious awareness) dans la mesure où elle est restreinte, car elle ne peut porter son attention qu’à un nombre limité d’éléments. La conscience est dite inconsciente (unconscious awareness) dans la mesure où elle supporte la totalité des souvenirs, des perceptions des sens externes et internes, des résultats et des possibilités d’apprentissage. Ces éléments sont trop nombreux – ils sont infinis – pour être distingués par la conscience consciente : elle s’en trouve donc obscurcie. La conscience inconsciente qui supporte ce grand nombre peut être identifiée à la totalité de la personne incarnée, donc au corps vivant en tant qu’il est esprit. Cette conscience inconsciente pourrait tout aussi bien être appelée vigilance généralisée. Entre vigilance restreinte et vigilance généralisée, il existe tous les degrés possibles de vigilance. Ce qui pourrait faire comprendre que l’on définisse l’hypnose comme un état modifié de conscience. Encore faudrait-il souligner qu’il ne s’agit plus de la conscience proprement dite à laquelle se réfère le sens commun. L’induction de l’hypnose est le passage de la vigilance restreinte à la vigilance généralisée. Ce passage qui est toujours le fruit d’un accord ou d’une décision du patient, est favorisé par diverses techniques (fixation du regard, attention portée aux différentes parties du corps, confusion, etc.) et par l’état de vigilance généralisée dans lequel se trouve le thérapeute. C’est par ces techniques et par cet état que le thérapeute peut être dit : user de suggestion. Le pouvoir du thérapeute a donc pour fondation la largeur et l’intensité de sa veille généralisée. Là où les modifications opérées par l’exercice de l’hypnose peuvent être comprises comme la transformation de la rigidité des habitudes, enregistrées par l’esprit conscient, en souplesse et fluidité grâce à l’expérience de la complexité et de la force de la vigilance généralisée. L’esprit inconscient met à la disposition du patient les nouvelles possibilités et capacités qui vont lui permettre de changer. Dans cette perspective, il est facile d’admettre que l’hypnose puisse être considérée comme médicale. Elle est en effet capable de guérir certains troubles ou comportements nocifs (contrôle de la douleur, addictions, difficultés alimentaires, dysfonctionnements psychiques ou psychosomatiques). Quelqu’un, par exemple, voudrait bien ne plus fumer. Son passage par la vigilance généralisée lui permettra d’une part de mesurer et d’approfondir le degré de sa détermination, d’autre part de prendre appui sur des forces et des intérêts nouveaux qu’il ne soupçonnait pas et qui rendent dérisoire en comparaison le plaisir de la cigarette. L’hypnose guérit alors parce que, modifiant le contexte d’une habitude, elle en détruit le ressort. L’hypnose est aussi médicale, au sens traditionnel du terme, car elle est une manière privilégiée de développer certains aspects de cette pratique : la présence du médecin, son attention au patient, l’échange entre patient et médecin. On sait que ces traits constituent le premier remède et rendent possible l’efficacité des autres remèdes. »[6]
  • En relaxation « un aspect fondamental de la vigilance réside dans la notion de détente. Vous ne pouvez pas être vigilant si vous n’êtes pas totalement détendu. Dans la vigilance, vous ne vous projetez plus sur les objets de perception. De ce fait, vous cessez de vous contracter physiquement, émotionnellement ou mentalement. L’existence humaine est sans cesse traversée par de multiples tensions, car lorsqu’il y a désir une tension est dirigée vers son objet. Il y a également les tensions qui résistent à ceci ou cela lorsqu’il y a un refus. Comprenez clairement que, dans la vigilance, toute tension disparaît. Vous acceptez ce qui EST, d’instant en instant, en conservant une attention lucide et détachée vis-à-vis de toutes les catégories de perceptions. La tension physique, c’est la tension qui est la plus aisément perceptible et contrôlable. De plus, en raison de l’interdépendance entre le corps et le psychisme, toute tension mentale ou émotionnelle se répercute dans le corps. Voici pourquoi vous devez prêter une grande attention à cette forme de tension afin de progresser sur le chemin de la vigilance. A de fréquentes reprises quotidiennes, prenez conscience de votre corps. Passez en revue ses différentes parties et regardez s’il n’y a pas de tensions inutiles. Des tensions qui ne sont pas nécessaires pour l’accomplissement de votre activité. Toute attitude de vigilance engendre une détente au niveau du corps et toute détente corporelle favorise l’accomplissement de la vigilance. Apprendre à vivre avec vigilance, c’est apprendre à vivre d’une manière physiquement décontractée. »[7]
  • En psychothérapie être vigilant c’est veiller sur soi, être son propre vigile, c’est prendre soin de soi, être attentif à ses émotions et son corps.  Etre vigilant ne serait-ce pas une façon de guetter la vie, de rester dans  l’être qui rayonne, qui donne en-vie, de  chercher l’essentiel au fond de soi ?

Mots clés :

Attention soutenue-méditation-conscience inconsciente-attention lucide et détachée-être son propre vigile-veiller sur soi.

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Vigilance

[2] http://www.vivreici.be/article/detail_pres-de-600-enfants-perdus-a-la-cote-au-cours-de-la-premiere-quinzaine-de-juillet?id=185363

[3] Étymol. et Hist. a) Fin xives. vigilance « insomnie » (Aalma, 6047 ds Roques t. 2, p. 207); 1487 « veillée » (Vocab. lat.-fr., Loys Garbin); b) 1530 « surveillance qui a pour but de prévoir, de prévenir ou de signaler » (Palsgr., p. 287). Empr. au lat.vigilantia « habitude de veiller, soin vigilant, attention », dér. de vigilare (vigilant*). http://www.cnrtl.fr/etymologie/vigilance

[4] http://www.strategie-aims.com/events/conferences/13-xeme-conference-de-l-aims/communications/2423-les-pratiques-de-vigilance-au-sein-des-projets-de-conception-de-produits/download

[5]Ibidem p.1-2.

[6] http://www.hypnose-medicale.com/quest-ce-que-lhypnose-medicale/ François Roustang

[7] http://www.maieutique.org/fr/approches-de-la-transcendance/vigilance

Autres références : https://fr.wikipedia.org; différents dictionnaires.

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