Le savoir de la parole

Le savoir de la parole
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« Un savoir pas sans le dire »[1]

Le dire, le dit, l’étourdit (« les tours dits »), et la guérison :

[1] Référence à la Conférence de Marie Pesenti du 16/10/2018 (CFCP).

« Le dire est du côté de l’énonciation, alors que le dit est du côté du résultat de cet acte, de l’énoncé… La fonction du langage est d’évoquer et non pas d’informer… Le discours analytique est un dire. La psychanalyse comme la psychothérapie est la déstabilisation d’un dit par un dire. Le dire est la parole de l’analyste, parole exprimée dans la cure qui a l’effet d’ouvrir une coupure dans le dit. Avec le dire, Lacan met en évidence, dans le discours, une logique distincte de celle du dit. L’acte de dire est condition du dit. Le discours est ainsi dire et dit. La logique du dire ne relève pas d’une philosophie, qu’elle soit de l’être ou de l’existence, elle donne un nouvel éclairage à la question du discours. Le dit ne va pas sans dire. Alors que le dit ne va pas sans dire, le dire échappe au dit. Un discours de la psychanalyse ne peut se constituer qu’en restituant le dire de Freud. Le dit de l’inconscient. Lacan présente la demande et l’interprétation comme des dires. « Le dit est l’ensemble des énoncés alors que le dire de l’analyste, par le Réel  présent dans l’équivoque des mots, subvertit le dit. Le dire fait entendre un au-delà de la parole. Il faut donc interroger le rapport du dire au dit. L’enjeu du discours analytique, parce qu’il est un dire, est d’étendre le champ de la symbolisation et du Symbolique aux dépens de la violence pulsionnelle. Il faut donc faire attention à ce qui se dit et surtout à ce qui se jouit ! Le dire a pour effet de dévoiler l’inconscient  et seul le dire du sujet peut faire advenir le  sujet. La lecture topologique par Lacan de l’inconscient doit être entendue comme la position du Petit Prince sur sa planète. La métaphore, quant à elle, fait le dire s’oublier derrière le dit. »[1]

[1]  http://www.cerclefreudien.org/wp-content/uploads/2012/11/40.pdf

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« Le dire est du côté de l’énonciation, alors que le dit est du côté du résultat de cet acte, de l’énoncé… La fonction du langage est d’évoquer et non pas d’informer… Le discours analytique est un dire. La psychanalyse comme la psychothérapie est la déstabilisation d’un dit par un dire. Le dire est la parole de l’analyste, parole exprimée dans la cure qui a l’effet d’ouvrir une coupure dans le dit. Avec le dire, Lacan met en évidence, dans le discours, une logique distincte de celle du dit. L’acte de dire est condition du dit. Le discours est ainsi dire et dit. La logique du dire ne relève pas d’une philosophie, qu’elle soit de l’être ou de l’existence, elle donne un nouvel éclairage à la question du discours. Le dit ne va pas sans dire. Alors que le dit ne va pas sans dire, le dire échappe au dit. Un discours de la psychanalyse ne peut se constituer qu’en restituant le dire de Freud. Le dit de l’inconscient. Lacan présente la demande et l’interprétation comme des dires. « Le dit est l’ensemble des énoncés alors que le dire de l’analyste, par le Réel  présent dans l’équivoque des mots, subvertit le dit. Le dire fait entendre un au-delà de la parole. Il faut donc interroger le rapport du dire au dit. L’enjeu du discours analytique, parce qu’il est un dire, est d’étendre le champ de la symbolisation et du Symbolique aux dépens de la violence pulsionnelle. Il faut donc faire attention à ce qui se dit et surtout à ce qui se jouit ! Le dire a pour effet de dévoiler l’inconscient  et seul le dire du sujet peut faire advenir le  sujet. La lecture topologique par Lacan de l’inconscient doit être entendue comme la position du Petit Prince sur sa planète. La métaphore, quant à elle, fait le dire s’oublier derrière le dit. »[1]

Je résumerais cette question du dire et du dit dans le discours par le schéma suivant : cliquer sur ce lien:  Le Dit et le Dire dans le discours

L’Étourdi  (« les tours dits »), reproduit dans son architecture les tours de l’interprétation : le premier tour déconstruit la logique du discours, la logique du dit, l’autre, redoublé, suit la logique du crosscap[1] en délogeant l’énonciation et la signification par l’équivoque du dire. Ainsi se justifie le titre : les tours (du) dit. Les tours du dit. Un deuxième tour est nécessaire pour désengluer le dire. La parole est liée à la jouissance. Il faut donc poursuivre au-delà de ce qui est dit vers l’inédit, vers une nouvelle voie et lire l’inconscient entre les lignes. L’analyse est « un pousse au dire » et permet d’aller de l’enchaînement des dits vers le noyau pathogène de l’inconscient. D’où la nécessaire inscription du patient, en psychothérapie, dans une certaine durée. « Dans Variantes[2], Lacan écrit que l’analyste  « S’il admet donc la guérison comme bénéfice de surcroît de la cure psychanalytique, il se garde de tout abus du désir de guérir (…). » L’Étourdit repose sur des inventions que l’on peut appeler poétiques. Le poète parvient à l’évidement de l’effet du sens, en évacuant l’évidence de son propos. Il subvertit les codes académiques, les règles de la grammaire pour les soumettre à son dire. L’Étourdit en tant que figure du discours analytique est une entreprise qui vise à vaincre le dit universitaire qui pétrifie le discours. Avec L’étourdit, la structure prend en compte l’incidence du réel dans le langage. »[3] . Lacan parle de « l’obscénité du réel[4] ».

Le modèle de guérison

Le modèle de pensée et de guérison est, en général, celui de la médecine. « Lacan néanmoins entreprend cette tâche désespérée. N’est-ce pas là aussi ce qui caractérise la tâche du médecin ? « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre » disent Homère et Guillaume d’Orange… Cette tâche n’est-elle pas une préoccupation de soin, soin de ce qui est le plus précieux pour un analyste : la vérité qui gît dans l’inconscient.  Comment transmettre le réel qui sous-tend le dire analytique dont Lacan écrit : « Ce dire n’est pas libre, mais se produit d’en relayer d’autres qui proviennent d’autres discours. » Il ne peut y avoir de guérison mais seulement l’introduction d’une mobilité de l’objet a. Lacan, à la fin de L’Étourdit, tourne en dérision l’être parlant. Tout être vivant qui parle n’est pas un parlêtre[5]. Son ara, son perroquet, parle. Beaucoup d’humains parlent sur un mode mécanique sans accès à l’équivoque, à l’histoire de leurs mots. Ils ne sont que des perroquets. La guérison serait l’écart avec le père-OK. « Là où ça parle, ça jouit, et ça sait rien »[6] Si l’on prend dans son sens le plus immédiat cette phrase située en exergue de la page 95 du Séminaire Encore, on peut l’entendre comme une satisfaction de jouissance à parler. Parler ne sert pas seulement à communiquer, mais avant tout à jouir, de la jouissance que Lacan a pu appeler celle du blabla, mais aussi de la jouissance de dire certains mots ou certaines phrases, et qu’il a aussi appelée, la jouis-sens.

Le jeu sur les signifiants, c’est l’homophonie, la création de néologismes. Par ailleurs tout discours figé, mécanique ou automatique est celui du psittacisme[7]. Lacan ouvre par une allusion clinique qu’un tel discours, s’il est celui d’un parlant, se démontre de la psychose. On sait que les patients psychotiques fixent leur discours sur ce qu’ils pensent être le normal, jusqu’à la normopathie, ils habitent dès lors un discours devenu vidé à force de le stabiliser. Lacan revendique la singularité de son discours de celui, absent, de la psychose (Le hors discours de la psychose) : « mon discours n’est pas stérile, il engendre l’antinomie, et même mieux : il se démontre  pouvoir se soutenir même de la psychose. » Le bénéfice de surcroît  devient dans L’Étourdit le projet d’un changement stable du sujet. Le pas entre la guérison selon Variantes et L’Étourdit pourrait être que le bénéfice de surcroît est obtenu dans le Symbolique alors que ce bénéfice de surcroît n’est qu’un gain sur le réel, par une chute de l’identification à l’objet de l’Autre.   »[8]

Pour lacan, le moi n’a pas à être renforcé par la cure analytique (critique de l’ego-psychology) mais bien déconstruit en décollant une après l’autre les identifications aliénantes dont il est, un peu à la manière d’un artichaut, constitué, afin que la Vérité du Sujet puisse advenir (Lacan traduit ainsi la célèbre phrase de Freud : « Où Çà était, Je dois advenir »); C’est-à-dire que la guérison consiste à sortir de l’imaginaire aliénant (là où nous sommes capturés dans les filets du désir de l’autre) pour accéder à notre désir propre.

Mots-Clés : discours-dire-dit-jouit-symbolisation-blabla-parole pleine-poésie.

[1] Cet objet étrange a été présenté par Lacan pour la première fois le 16 mai 1962 dans son séminaire l’Identification comme supportant la structure du fantasme.

[2] J. Lacan, Écrits, Variantes de la cure type, p. 324, Seuil, 1966.

[3] http://www.cerclefreudien.org/wp-content/uploads/2012/11/40.pdf

[4] Le réel n’est par la réalité, qui est déjà pour nous une construction, complètement baignée et informée par le langage. Lacan écrit ailleurs que « le réel, c’est l’impossible », insistant sur le caractère informalisable du réel, sur son hétérogénéité, sur son caractère de déchet, de rebut : le sujet met dans le réel tout ce qu’il ne peut pas mettre ailleurs, tout ce qui n’entre pas dans le filet du langage et des représentations imaginaires, autrement dit tout ce qui ne fait pas sens (le sens étant constitué du nouage de l’Imaginaire et de Symbolique) : entre les nœuds du sens, le réel fait un trou, dans le tissu symbolique il se manifeste comme trou, comme manque, même si lui-même n’est pas trou, mais se manifeste au contraire comme consistance brute, comme plénitude d’un contenu.(réf. : Séminaire XXII : R.S.I.).

[5]Le parlêtre est en effet celui qui a affaire à la parole, qu’il soit parlant ou bien parlé. Dire le parlêtre, c’est prendre acte du fait que l’être humain se définit d’abord dans son rapport à la parole, qu’il parle ou pas, qu’il ait l’usage ou non de la parole. C’est dans un monde de paroles qu’advient l’être humain. Il est parlé avant qu’il ne parle.  Le terme de parlêtre permet à Lacan d’unifier ces deux termes de sujet de l’inconscient et de sujet de la jouissance.  L’être par la jouissance du corps, l’inconscient.

[6] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Le Seuil, 1975, p. 95.

[7] Emprunté au latin psittacismus, dérivé de psittacus (« perruche, perroquet ») issu du grec ancien ψιττακός, psittakós (« perroquet »). Disposition d’esprit qui consiste à répéter les paroles d’autrui à la façon des perroquets.

[8]http://www.cerclefreudien.org/wp-content/uploads/2012/11/41.pdf

[1]  http://www.cerclefreudien.org/wp-content/uploads/2012/11/40.pdf

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