
Par Jacque
ou
De l’anthropocène capitalocène et thanatocène au phonocène
Le mot « anthropocène » est un néologisme construit à partir du grec anthropos, « être humain ») et kainos, « nouveau », suffixe relatif à une époque géologique, en référence à une nouvelle période où l’activité humaine est devenue la contrainte géologique dominante devant toutes les autres forces géologiques et naturelles qui avaient prévalu jusque-là. C’est l’âge des humains ! Celui d’un désordre planétaire inédit. La prise de conscience des conséquences de l’activité de l’homme sur son environnement s’est accélérée entre autres avec le Club de Rome de 1972 et la publication du rapport les limites à la croissance (Limits to growth) ainsi que les différents rapports climatiques évolutifs du GIEC[1]. Les activités humaines ont la capacité de provoquer des modifications importantes de l’environnement terrestre, notamment : déforestation, agriculture intensive, surpêche, braconnage à grande échelle, pollution (marées noires, omniprésence des microplastiques, pesticides et perturbateurs endocriniens, etc.), érosion de la biodiversité, etc. La Terre serait actuellement entrée dans une phase de son histoire irréversiblement déterminée par les impacts des activités humaines. L’anthropocène condamnerait donc dès lors à une forme de responsabilisation.
» your text
L’Anthropocène est un concept qui résume l’influence de l’homme sur son environnement et serait « capitalocène » c’est à dire où la responsabilité de l’homme de cette période de bouleversements incombe au seul capitalisme. Les activités humaines influencent les écosystèmes de la planète et les transforment à tous niveaux. L’Anthropocène serait également « thanatocène » (ère de la mort) où priment les technologies de destruction sur les vivants.
Un retour aux fondamentaux privilégiant la responsabilité, la solidarité, la citoyenneté et l’éthique serait indispensable. J’invite le lecteur à ce sujet de lire les articles suivants sur mon site web :
https://www.psychotherapie-psychodrame.be/2019/11/20/lethique-la-reflexion-et-laction/
Les bouleversements amenés par l’anthropocène pourraient toutefois mener à des opportunités. Un défi pour l’homme ! Les défis écologiques auxquels sera confrontée l’espèce humaine pourraient remettre en jeu sa capacité à construire de nouveaux modèles de gouvernance locale et à appliquer des politiques publiques et économiques plus équilibrées. Ce n’est pas la fin du monde, mais celle d’une ère nouvelle. C’est précisément ce qui nous amènerait à l’ère du « phonocène » que nous développerons plus loin.
La crise écologique n’appelle-t-elle pas au contraire à une réhabilitation du lieu et des liens ? N’appellerait-on pas chacun à habiter autrement, dans la diversité des êtres, dans leur altérité en sortant du dualisme nature/culture qui permettrait des « hommes avec le monde » ? S’ouvriraient alors d’autres perspectives, d’autres récits mobilisateurs sur les problèmes écologiques et écosystémiques planétaires. « C’est donc d’initiatives alternatives, de savoirs et de changements dans tous les secteurs de la société, et non pas uniquement par en haut (technoscience, green business, ONU), que dépend l’avenir commun. Ce qui n’exclut pas la planification écologique démocratique, du local au global, d’une résilience et d’une décroissance assumée, équitable et joyeuse si possible, de l’empreinte écologique. »[2]
Le « Phonocène »
« Il faudrait nommer notre époque ‘phonocène‘, parce que c’est l’ère où on va devoir entendre les sons de la terre, les grondements de la terre. Il faut commencer à penser notre période en termes de catastrophe, mais réactiver du goût pour la beauté, réactiver certains modes d’attention, réactiver des joies. Il faudra trouver de la joie pour lutter. Ce concept de phonocène est une façon de nommer une époque en considérant à la fois l’idée d’une catastrophe et à la fois l’idée qu’il y a encore de la vie, mais qu’il faudra se coltiner avec elle d’une manière différente. La joie comme moteur de lutte, c’est très important pour Vinciane Despret.[3] Certains mouvements activistes, confrontés à des choses violentes et difficiles, le font avec énormément de créativité et de joie. « Le rapport qu’on a avec les choses par le biais de l’ouïe n’est pas le même que celui que l’on a par le biais de la vue. Quand on est dans la vision, on est toujours dans une vérité de type référentiel, dans un rapport de concordance. On a des certitudes, avec la vision. Avec l’ouïe, on est dans un rapport plutôt de curiosité, de vérité générative, une vérité qui va produire un certain type de réel, de savoir, de relation. On est en quête de réel. Entrer dans le phonocène, c’est se mettre dans d’autres systèmes de rapport à la vérité, qui produisent plus de réel, qui sortent de l’idée que l’homme est exceptionnel, notamment parce qu’il a le langage. Entrer dans le phonocène, c’est commencer à penser la langue des choses, à penser les choses comme dotées d’une certaine forme de langage qui n’est pas le langage humain. L’être humain est relativement exceptionnel, au même titre qu’une araignée, un merle ou une vache sont exceptionnels. » »[4]
En guise de conclusion : « vivre notre époque en la nommant « Phonocène », c’est apprendre à prêter attention au silence qu’un chant de merle peut faire exister, c’est vivre dans des territoires chantés, mais c’est également ne pas oublier que le silence pourrait s’imposer. Et que ce que nous risquons bien de perdre également, faute d’attention, ce sera le courage chanté des oiseaux. »[5]
Mots-clés :
Anthropocène- capitalocène- thanatocène- phonocène- responsabilité- solidarité- citoyenneté- éthique. [1]« Le GIEC a pour mission d’évaluer et de synthétiser l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques disponibles, de façon neutre et objective, en rapport avec la question du réchauffement climatique8,10. L’organisme travaille à rendre compte des différents points de vue et des incertitudes, tout en dégageant clairement les éléments qui relèvent d’un consensus de la communauté scientifique. Il a donc pour mission d’« établir régulièrement une expertise collective scientifique sur le changement climatique »5,9. Les apports de ces documents sont utilisés par les décideurs politiques et en tant qu’outil d’information pour la société civile10,4. Le GIEC n’est donc pas un organisme de recherche, mais un lieu d’expertise visant à synthétiser des travaux menés dans les laboratoires du monde entier22,8,10,11, en fonction d’un problème précis, pour lequel les États, membres de l’ONU, l’ont mandaté. » Réf. Wikipédia.
[2] Agnès Sinaï (dir.), Penser la décroissance. Politiques de l’Anthropocène, Presses de Sciences Po, 2013 ; Michel Lepesant (dir), L’antiproductivisme : un défi pour la gauche ? Parangon, 2013 ; Paul Ariès, Le socialisme gourmand, La Découverte, 2013. [3] C’est moi qui précise ceci dans cet article de la rtb : « Vinciane Despret est une philosophe des sciences belge, professeur à l’Université de Liège et à l’Université Libre de Bruxelles. Elle a suivi une formation de psychologue, avant de reprendre des études de philosophie. Après avoir commencé, à s’intéresser à l’éthologie, elle s’oriente vers la philosophie des sciences. Inspirée dans sa démarche par Isabelle Stengers et Bruno Latour, elle se propose de suivre les scientifiques sur leurs terrains, dans leur pratique, et de comprendre comment ils rendent leurs objets d’études intéressants. [4]Habiter en oiseau : Vinciane Despret mène l’enquête auprès des ornithologues. 17 déc. 2019. Réf. : Habiter en oiseau : Vinciane Despret mène l’enquête auprès des ornithologues – rtbf.be [5] Vinciane Despret, Habiter en oiseau, Actes Sud 2019, p.181. » your text 27 février, 2024 16 février, 2024
VOUS DEVRIEZ EGALEMENT AIMER CEUX-CI !
Le regard
Être seul, séparé et l’angoisse de séparation