Le syndrome de l’escargot

Le syndrome de l’escargot
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J’aime assez bien le langage métaphorique, celui qui transporte ( transe-porte !). La métaphore est avant tout déplacement, décalage, dégagement d’un sens nouveau ou d’une vision d’un problème. Elle a un effet de jaillissement.

Pour Françoise Dolto s’escargoter veut dire « retourner dans sa coquille, défendre sa peau, se préserver d’écouter, perdre pied avec la société, vivre de la matérialité de ses besoins, essayer de ne rien entendre parce que c’est trop dérangeant ».[1]

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Le syndrome de l’escargot est un état psychologique et émotionnel dans lequel on peut se retrouver après le confinement. Certaines personnes n’osent plus sortir de leur coquille.

La peur de se déconfiner et de se confronter au monde extérieur induit une fatigue émotionnelle, une perte de motivation avec un versant anxieux qui prend le pas lorsqu’il s’agit de sortir, une peur de tout ce qui pourrait nous arriver à l’extérieur. Ce syndrome cristallise d’ailleurs plusieurs peurs : la peur de la contamination, la peur d’être malade, la peur du regard des autres, la peur de la foule, la peur de retrouver un quotidien stressant… Avec ce confinement et ce déconfinement, le monde extérieur est vécu comme dangereux. Il faut s’en protéger avec l’utilisation des masques, des gants, de la distanciation physique…

Après une période d’isolement il est difficile, pour certaines personnes, de reprendre une vie sociale. Lorsque les interactions sociales sont absentes pendant de longues périodes, une rumination excessive peut conduire au développement d’autres symptômes dépressifs (désintérêt pour le contact social, diminution du plaisir découlant du contact social, trouble du sommeil,…).

Or il est nécessaire de trouver un équilibre entre moments sociaux et moments de solitude.  Le contact social aide à garder un meilleur sens de la réalité. Échanger avec les autres, aide à corriger ses propres pensées. Avec l’isolement, le sentiment d’auto-efficacité et d’estime de soi diminue.

Ce syndrome provoqué par les derniers évènements que nous venons de vivre peut aussi être proche de l’état de stress post-traumatique[2](ESPT) pour certaines personnes.

J’en reviens aux métaphores pour associer une autre qui est celle de la caverne de Platon. Il me semble y trouver des similitudes, des pistes de compréhension et d’ouverture. Le lecteur trouvera cette allégorie décrite et son développement dans mon livre[3]. Les réflexions proposées dans cette allégorie universelle sont très représentatives de ce que nous nommons aujourd’hui le conditionnement. Il faut beaucoup de temps au petit d’homme et beaucoup d’expériences et d’étapes à franchir pour que, dans le meilleur des cas, un rapport d’altérité plus équilibré puisse s’installer.

La pandémie du COVID-19, pour y faire référence, est fondamentalement, une crise anthropologique. Nous nous découvrons bien impuissants face à la mort, la maladie, l’isolement, la faillite, le chômage…elle est non seulement une crise sanitaire mondiale, économique, sociale avec ses conséquences sur le plan familial, sexuel, scolaire et professionnel, mais constitue aussi une crise psychique. Les effets psychiques peuvent être, pour certaines personnes, traumatiques (angoisse, dépression …).

Comment, dès lors, prendre soin de soi et de l’autre ? J’en parle dans mon livre Prendre soin de soi et de l’autre en soi paru chez L’Harmattan ce mois de septembre 2020.

Sachant que dorénavant rien ne sera plus comme avant, il faudra muter, se réinventer, être créatif et ouvrir, à partir de l’impossible, du réel traumatique, de nouveaux possibles, sortir du binaire exclusif, trouver une voie résiliente, symbolique et tierce !

Mots-clés :

Isolement, peur du déconfinement, symptômes dépressifs, estime de soi, reprise de la vie sociale, allégorie de la caverne de Platon, crise anthropologique, effets psychiques, traumatismes, prendre soin de soi, trouver de nouveaux possibles.

[1] J. Michelet, Handicap mental et Technique du Psychodrame, L’Harmattan, 2008, p.36-37. Réf. :

Emission de radio-TV. Projection A2-Unité de programme-Marc de Florès « Le langage et la folie », 1977.

[2] Le trouble de stress post-traumatique est une réaction psychologique consécutive à une situation durant laquelle l’intégrité physique ou psychologique du patient, ou celle de son entourage, a été menacée ou effectivement atteinte (notamment en cas de torture, viol, accident grave, mort violente, maltraitance, négligence de soins de la petite enfance, manipulation, agression, maladie grave, naissance, guerre, attentat, accouchement). Les capacités d’adaptation (comment faire face) du sujet sont débordées. La réaction immédiate à l’événement aura été traduite par une peur intense (effroi), par un sentiment d’impuissance ou par un sentiment d’horreur. Réf. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_stress_post-traumatique.

[3] Jacques Michelet, Prendre soin de soi et de l’autre en soi, Ed. L’Harmattan, Paris, Septembre 2020, p. 98-99

Vidéo d’information sur le contenu du livre: https://studio.youtube.com/video/XSTPySre0QQ/edit

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