
Par Jacque
Pourquoi une psychothérapie ?
L’objectif de la psychothérapie est de guérir de ses souffrances. Que faire avec sa souffrance ?
Le mot «Thérapeutique» est un emprunt savant au grec therapeutikos, «qui prend soin de» et «relatif au soin qu’on prend», aussi substantivé désignant l’art de prendre soin de quelqu’un. Il est dérivé de « therapeuein » : «prendre soin de ».Le mot est introduit pour désigner la partie de la médecine qui étudie puis qui applique les moyens de soigner les maladies (qu’à partir du XVIIième et usuel qu’à partir du XIXième). «Thérapeutique» s’emploie ensuite pour l’ensemble des moyens de traitement convenant à un cas particulier (synonyme de thérapie). «Thérapeute» est un terme d’antiquité emprunt au grec avec le sens originel de serviteur, adorateur pour désigner des ascètes juifs qui vivaient près d’Alexandrie. Il est réemprunté tardivement au grec « Therapeutes » spécialisé en médecine sous l’influence de thérapeutique et de thérapie. Dès ses premiers emplois pour «personne qui soigne les malades», il semble spécialisé dans un contexte psychologique. L’art de prendre soin d’un malade, «la thérapeutique» désigne aujourd’hui tous les moyens mis en œuvre (le traitement) pour lutter contre un mal, une maladie.
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Une des causes les plus importantes de nos maladies serait la solitude et l’isolement. Notre capacité à nous connecter aux autres, est au contraire à la source de ce qui nous fait du bien et mène à la guérison. Chasser l’ennui, la peur et la colère de nos cœurs, en un mot développer des émotions « positives », permet réellement d’être plus heureux. Des psychologues londoniens ont montré que les personnes à qui ils avaient demandé d’éprouver chaque jour un peu reconnaissance avaient retrouvé un meilleur sommeil et une tension artérielle abaissée en seulement deux semaines, par rapport à un groupe de contrôle[i]; Dans une étude, des chercheurs irlandais[ii]] ont découvert que les personnes qui devaient noter chaque jour cinq choses dont ils se sentaient reconnaissants voyaient leur niveau de stress et de dépression chuter jusqu’à 27 % au bout de trois semaines. Des résultats bien plus efficaces que tous ceux obtenus par des antidépresseurs chimiques, et sans le moindre effet secondaire.
La psychothérapie est un cadre de travail qui est là pour permettre un travail sur soi sécurisant. Dans Le cadre donné par le psychodrame il s’agira d’intégrer les émotions dans l’action et la parole et permettre à chacun d ‘avancer dans son discours. La mise en jeu va l’y aider, déjà, dans le groupe qui fait circuler la parole et par une représentation ensuite. La mise en jeu qui trouve audience auprès des autres va permettre une publication, exposer le sujet et amener, par la remémoration, une autre perspective. Elle va produire du sens qui représente la marque reçue et ce que le sujet décide d’en faire. Il s’agira de refaire quelque chose de ce qui a fait souffrir, de ce qui a manqué. Sartre nous y invite quand il dit : « il y a ce que l’on a fait de nous et ce que nous décidons nous-mêmes de faire ce qu’on a fait de nous ». Chaque être humain a en lui les clefs pour résoudre ses problèmes. La représentation psychodramatique va nous y amener. Représenter équivaut à mentaliser c’est à dire symboliser nos douleurs. Celles-ci révélées par nos humeurs, par exemple, sont, d’ailleurs, des représentations non parvenues à la conscience. L’essentiel du comportement est suscité par nos représentations. C’est ainsi que, par exemple, revivre les premières situations ayant structuré les relations futures permet de sortir de son enfermement. Jouer sur la scène psychodramatique c’est réactualiser, réorganiser le tableau des années oubliées. Se « ré-originer » permet alors de se soigner. Les nouvelles expériences vont modifier les précédentes. Sortir de ses prisons secrètes c’est, notamment, rejouer là maintenant ce qui a pris naissance ailleurs et autrefois. C’est aussi entrevoir et mettre en œuvre des perspectives constructives, positives.
Le groupe à l’origine de la psychothérapie !
« Les potentialités résolutives et métabolisatrices que comporte le groupe s’expriment à des degrés distincts : comme dépôt et cadre psychiques externalisés ; comme pare-excitation et contention ; comme appareil de transformation psychique à travers les effets métaboliques que produit l’investissement de la psyché du sujet par plus-d’un-autre sujet. »[iii] « Cette aptitude psychothérapeutique et psychoprophylactique du groupe s’inscrit de longue date dans l’histoire des sociétés humaines, et la psychothérapie est initialement une thérapie par le groupe, une thérapie en groupe (en Grèce) et une thérapie du groupe (en Afrique). »« La sociabilité n’est pas une dimension que l’être humain acquiert progressivement. Elle n’est pas une dimension secondaire mais originaire, constitutive de sa psyché. La « groupalité » est en nous avant que le « je » ne soit formé et les croyances, les valeurs, les mythes et les idéologies de base qui marquent la socialisation et l’adaptation au groupe se conjuguent dans le moi sur des tréfonds co-soïques propres à cette appartenance. »[iv]
Pourquoi le groupe ou quelles en sont les indications ?
Dans la mesure où certaines personnes n’ont pas accès facilement à une élaboration psychique par la parole, la représentation jouée dans un groupe de thérapie permet un travail sur soi à partir du ressenti, des émotions et impressions. On n’est pas seul avec ses difficultés. Celles-ci peuvent être partagées. Dans le groupe la personne n’est pas renvoyée à sa déficience, à sa difficulté à gérer seul son monde interne mais elle est accompagnée dans cette partie d’elle même pour en faire tout de suite, dans l’ici et maintenant, quelque chose d’autre. Le groupe, espace tiers de « confrontation » et cadré, libère la parole. Les mots et les émotions reliés aux gestes peuvent y être décodés. Dans cet espace tampon ou amortisseur, ce sas de décompression, les sensations éprouvées et les mots vont mettre du lien et donner du sens. Corps et psyché peuvent s’ordonner et une activité de pensée peut mieux prendre sa place. Le groupe, matrice à tricoter des liens, permet de retrouver une certaine unité et un espace psychique propre. Grâce à un autre, on passe dans une nouvelle perspective de communication. Chaque participant devient « co-thérapeute » de l’autre. L’identification à un semblable permet dans le cadre de l’enveloppe du groupe, d’aller mieux. Par la verbalisation des éprouvés, le groupe devient une enveloppe corporelle pour chacun. Cette enveloppe du groupe renforce l’enveloppe individuelle défaillante. La mise en scène de ses sensations apporte du contenant et les échos de chacun : souvenirs, images, scènes vécues, associations diverses. Le groupe thérapeutique favorise les échanges dans un cadre structuré, remet en circulation les émotions, les pensées et la parole. Il permet de différer et de réinstaurer du temps et de l’espace pour soi. Le but final est de permettre une meilleure autonomie psychique où il n’est plus question de se satisfaire uniquement d’être porté mais de trouver du plaisir à porter et à se transporter soi-même dans une mise en pro-jet[1]
Voici les différents modes de développement du groupe :
Une psychothérapie, un cheminement individuel en groupe à la place d’une psychothérapie individuelle en face à face. Le groupe convient particulièrement bien aux personnes qui ne sont pas désireuses, en tout cas dans l’immédiat, de s’engager dans une psychothérapie individuelle en profondeur, mais qui souhaitent clarifier ou approfondir certaines difficultés de leur vie. Le groupe est une force pour certaines personnes. Il est indiqué pour certaines personnes qui éprouvent des difficultés en situations individuelles vécues comme frontales parfois, qui ne sentent pas prêts pour une analyse individuelle, qui ne demandent pas cette forme duelle de thérapie. Le groupe a une fonction essentielle d’expression et de contenance. Le groupe est plus tolérable que le face à face chez certaines personnes parce qu’il est vécu pour elle-même comme moins dangereux. En effet, s’il soutient l’expression de soi, il permet aussi un processus qui borde, aménage et limite donc les angoisses parfois archaïques et donc envahissantes. Comme cadre de référence, le groupe ainsi que le dispositif psychodramatique offrent des béquilles symboliques. Grâce à une stratégie de détour, le groupe favorise une bonne distance et « n’attaque » pas directement les symptômes (ex ; difficultés comportementales, scolaires etc.). Il respecte les défenses, contourne les résistances et élit une proposition thérapeutique. Le dispositif groupal établi un cadre défini rigoureusement de l’intérieur duquel grâce à une bonne distance, le sujet pourra effectuer un parcours symbolique thérapeutique.
Une psychothérapie individuelle en groupe, par et grâce au groupe. Elle constitue un outil de développement personnel. Le psychodrame est une thérapie relationnelle. Les participants viennent au groupe avec leur atome social, le réseau des interrelations dont ils sont le centre, dont ils souffrent et qu’ils veulent reconstruire. Ce réseau de rencontre, Moreno (créateur du psychodrame) l’appelle le co-conscient familial qui est, en quelque sorte l’ancêtre de l’inconscient collectif, familial et relationnel. Freud nous a apporté l’inconscient, Jung, l’inconscient collectif, et Moreno le co-inconscient familial et groupal que nous découvrons depuis une quinzaine d’années comme étant aussi un co-inconscient transgénérationnel. Ce conscient de liens transgénérationnels est associé à celui de co-conscient et de co-inconscient familial et groupal. Ce dernier est rattaché au concept morénien d’atome social, sorte de liens d’une personne avec d’autres, vivants ou disparus, positifs ou négatifs, et donc à la base de toute thérapie systémique et transgénérationnelle… et de tout psychodrame. Nous nous rencontrons quand nous pouvons voir le monde et nous-mêmes avec les yeux de l’autre… Nos participants viennent dans le groupe avec leur famille interne et interagissent énormément à ce niveau. Le jeu, par la dramatisation, va permettre grâce au processus d’introjection de réduire la charge émotionnelle en transformant la pulsion en symbolisation. Le jeu est acte de parole, acte d’énonciation qui transforme celui qui était objet d’un évènement en sujet d’un acte symbolique. Ce renversement est capital ! « Cette interliaison énergétique représente une mobilisation, une circulation dynamique, déclive et ouvre sur le monde exté-rieur. Le psychodrame permet ce jeu énergétique de la stimulation réceptive à plusieurs »[v].
Avant une psychothérapie individuelle comme préalable à une analyse en profondeur. Le groupe est aussi révélateur. Il permet l’émergence des demandes. Le travail sur le fonctionnement groupal a des effets sur le fonctionnement du groupe. Le groupe permet une enveloppe, un espace potentiel qui donne du possible. Il constitue une matrice, un claustrum où s’y protéger et trouver une certaine chaleur. Ce contenant permet l’analyse du contenu et permet donc d’aller plus loin dans une démarche d’implication et d’investigation personnelle.
Après une psychothérapie individuelle lorsque l’analyse groupale fait défaut, lorsque manque cette dimension relationnelle indispensable au développement global de la personne. La personne y est mise en interaction avec d’autres. L’espace proposé n’entre pas en rivalité avec les espaces familiaux conflictuels. Il s’agit non pas d’être hors de la parole mais de la prendre comme support sans risque de déclencher un acte. Quelque chose va s’inventer parce que des personnes se mettent ensemble. Le groupe est Co-thérapeutique en soi. Cet espace psychique commun permet le passage de l’angoisse à la verbalisation et aussi de contenir les fantasmes destructeurs.
En même temps qu’une psychothérapie individuelle comme étant toutes les deux complémentaires. Celle-ci demande beaucoup de temps, d’énergie et de moyens financiers.
Comme préalable à une formation à la psychothérapie en groupe car il est indispensable d’effectuer un travail sur soi-même avant d’envisager de se former à la thérapie en groupe. Cette méthode convient tant à des buts thérapeutiques que pour former des professionnels à la relation d’aide, à l’animation de groupes, à l’exploration en groupe de questions familiales, pédagogiques, éducatives, sociales. Une formation de psychodramatiste est un long parcours car il s’agit de prendre à la fois le temps de la maturation personnelle et celui de l’apprentissage. Suivre l’entièreté du cursus relève de l’engagement personnel du participant et peut-être réévalué d’année en année, lors des entretiens avec les formateurs. Certains participants tirent profit d’une partie du cursus, d’autres l’interrompent, pour le reprendre et le finaliser quelques années plus tard. Ce processus est également fonction de la formation initiale du professionnel ainsi que du type de lieu où il souhaite mettre en place un groupe de psychodrame. Il ne procède pas de la même manière ou ne nécessite pas les mêmes compétences selon qu’il s’agisse d’un groupe d’adolescents, de personnes vivant avec un handicap, d’un groupe dans un service d’urgence psychiatrique, dans une association de parents, etc.
[1] « Subjectif désigne à la fois la faille et le saut, l’obstacle et le jet », P. Fédida. « L’objeu », dans L’absence, Paris, Gallimard, 1978.
[i] https://www.pure-sante.info/le-medicament-oublie/
[ii] https://www.pure-sante.info/le-medicament-oublie/
[iii] René Kaës, La parole et le lien, p.168..Ed. Dunod, Paris, 1994.
[iv]Le Co-Soi et la groupalité psychique. Exposé d’Ada Abraham, 25/04/1983.21 Herestraat Leuven chez Pierre Fontaine. Réf. Abraham,A.1994. « Le cosoi ou le syntéisme primaire ». Les voies de la psyché. Paris. Dunod.
[v] Ophélia Avron, La pensée scénique, Ed. Eres 1996.
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